10 de face

petites aventures parapentesques entre amis...

Vol bivouac test n°3: Pyrénées

Rien de tel qu'un bon vol bivouac pour s'imprégner de l'ambiance montagne. Un parcours facile suivant les routes de cross traditionnelles, 4,5kg de nourriture histoire de tenir le coup les 4 jours et hop c'est parti. La semaine est calée, le point de départ aussi, vogue la galère... On fera se qu'on pourra avec la météo.

Vol bivouac test n°3: Pyrénées

Après la traversée de la couche de stratus au départ de Campan soleil radieux. C'est déjà un bon point, ça va sécher! Je crois jusqu'au bout à la dissipation pour enfin pouvoir décoller et commencer à progresser. Voile dépliée, prêt dans la sellette, je scrute les trouées, ça va, ça vient et puis je suis carrément englouti par une vague nuageuse! Je replie donc en récitant quelques jurons et décide de monter pour retrouver la lumière. Je me pose donc tranquille au col de l'Arizes. Demain, masse d'air plus sèche, j'y crois encore pour faire un petit cross. Super petit bivouac, température clémente à 2130m, très agréable mais qui trahi la présence d'une inversion basse synonyme de plafond anémique. Pas une bonne nouvelle pour le cross mais au moins aujourd’hui, j'y vois, je peux décoller en toute sécurité. Au final une belle journée de vol rando mais pas de cross. Je ne passe même pas les 10 kms de vol. Je suis même remonté 2 fois pour redécoller sans plus de succès! Le soir des orages sont attendus, il faut absolument que je cherche un endroit plus ou mois abrité pour passer la nuit. Dans ce coin, pas de cabane ou refuge, je me trouve donc un endroit protégé du vent histoire que mon petit abri TARP ne s'envole pas dans une rafale. Le torrent est tout proche, douche et restauration ne sont donc qu'une formalité. Après une bonne nuit, sans orage, je reprends la route vers les faces EST de l'Arbison avec l'espoir de voler. C'est magnifique, ces paysages, ces montagnes, cette mer de nuages... enfin du moins pour les photos parce que pour le vol c'est cuit. De plus je prends du SUD plein fer histoire de couronner le tout. Quand ça veut pas, ça veut pas!

Vol bivouac test n°3: Pyrénées

Et là psychologiquement, le plus dur c'est de redescendre à pied dans la purée de pois avec un "parapente à dos". Le petit point météo ne me laisse pas de gros espoir sur une éventuelle amélioration, il va falloir se résigner à marcher. Un coup d'œil sur la carte pour repérer une cabane, car l'orage et la pluie s'invite au programme de la fin d'après-midi, un pure régal. J'en repère une mais elle est loin et il faut finir par un petit 1000 m de dénivelé après 25 bornes le tout chargé comme cycliste du Tour. Je gère la flotte, mais j'ai toujours un sac dépassant allégrement les 20kg. La journée va être très longue. Effectivement je suis bien cuit dans la dernière montée, le tonnerre gronde, il pleut, ... on est pas bien là! Dilemme, je passe un filet d'eau, il me reste 1L, la carte ne positionne pas de point d'eau à proximité de la cabane... Après réflexion, et 200m plus haut, je pose le sac et redescends remplir les gourdes: "j'aurai jamais le courage de redescendre tout ça une fois arrivé s'il n'y a pas d'eau là-haut". Je leste alors mon sac de 3kg supplémentaire pour finir. En haut, on n'y voit pas à 5 mètres, j'ai hâte de voir à quoi ressemble cette cabane. Je tombe tout d'abord sur un superbe abreuvoir: " Pour l'eau fallait pas t'en faire, y'a toujours de l'eau... " tant pis pour ces quelques mètres et kg, quand on aime!

Vol bivouac test n°3: Pyrénées

Et la cabane, elle est où? Là, pas le choix, je déploie la fameuse technique du colimaçon, y'a bien un moment je vais me cogner la tête! Elle est en vue, la porte s'ouvre, et là le bonheur est similaire à l'accomplissement d'un cross de 100 bornes ;). La pluie redouble d'intensité, "m'en fout, je suis au sec!" Le repas et la nuit sont réparateurs, soleil au rendez-vous, enfin si vous êtes au dessus des 1500m bien sûre! Je pense que je suis reparti pour trotter un peu aujourd'hui. Normalement, c'est ma dernière journée mais comme je n'ai pas avancé et qu'il me reste encore du jambon et des vermicelles, je compte bien rallier ma voiture à Aspet demain. La rando est plaisante mais toujours cette mer de nuage m'interdisant toute descente en parapente. Histoire de tromper la frustration, je monte au Cap Nestès 1887m pour le vol de la journée, une fléchette de 1km jusqu'au col suivant encore hors de brume. Bilan de l'opération une bonne demie heure de perdu mais qu'est ce que c'est bon!

Vol bivouac test n°3: Pyrénées

Et puis le train-train de la descente en "parapente à dos" que je maitrise maintenant parfaitement . Je vise donc le refuge Sainte Marie à 1000m d'altitude pour ma dernière nuit. Me voilà au village de Galié, plus que 500m de D+ pour atteindre le palace. Le moral est bon, la montée tranquille, un demi litre d'eau pour la montée suffiront. Bon, on est loin du standard "Carlton" mais ça fera largement l'affaire. Les derniers locataires ont eu la bonne idée de laisser un peu de bois, la flambée chassera un peu l'humidité. "Bon, de l'eau pour la soupe..." Rien à l'horizon, il est plus de 21H, j'ai vraiment pas le gout de faire de la prospection. Par chance une bouteille d'eau de 1,5L presque pleine est encore sur la table, dieu sait depuis quand mais un coup de chauffe et il n'y paraitra plus. Il m'en restera même pour le thé demain matin.

Vol bivouac test n°3: Pyrénées

La nuit, comment dire, la plus pourrie du périple, et oui la maison est habitée. Un truc avec des grandes dents je suppose parce que à ce rythme soit il ne va pas tarder à rouler sur les jantes soit il ne va pas falloir que je claque la porte en partant. Toute la nuit à faire des copeaux, et rien ne l'arrête, lumière, cris... une machine le bestiau! Ensuite c'est l'ultime portion, quasi en ligne droite, mode sanglier enclenché. C'est pas ce que je préfère mais là de toute façon je ne compte pas acheter du terrain! A 14H00, pas mécontent d'être au camion. Ça fait 3 jours que j'ai les pieds qui macèrent façon tête de veau. Et pourtant j'ai juste une ampoule à déplorer. Bien sûre je n'échappe pas à la traditionnelle séance de réhydratation au houblon, encore une que je n'ai pas volé!

Évidemment bilan mitigé: zéro prise de décision en vol alors que c'était ça la finalité. Plutôt bonne gestion de l'eau/nourriture. Portage et marche à pieds bien digéré. C'est sûre sans parapente j'aurais été plus efficace mais ça aurait été moins marrant. Le vol bivouac c'est quand même mieux quand ça vole ;)

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